La clef des chants - Histoires de gwerzioù - Daniel Giraudon
J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie en librairie de mon livre au sujet des complaintes bretonnes, les gwerzioù." La clef des chants. Histoires de Gwerzioù "
Les chants populaires en langue bretonne que les folkloristes du XIXe siècle ont rangé dans la catégorie des gwerzioù ont pour caractéristique de raconter une histoire en général tragique, vraie ou supposée telle. Certaines d’entre elles ont eu la bonne fortune de faire une longue carrière dans la tradition orale. Toutefois, leur transmission de bouche à oreille, l’usure du temps ou l’intervention d’un collecteur n’ont pas été sans incidences sur leur contenu. A tel point que l’on peut se poser la question de leur authenticité.
C’est ce à quoi j’ai cherché à répondre dans cet ouvrage à partir d’un choix de pièces que j’ai moi-même recueillies dans la mémoire des anciens. En croisant avec des documents d’archives les différentes versions de cette poésie chantée, J’ai pu dater, retracer, voire corriger les faits qu’elles rapportent.
Les sujets abordés dans ce florilège évoquent tour à tour des querelles sanglantes entre petits seigneurs sous l’Ancien Régime, des drames sur terre et sur mer, des deuils et faits divers dans les paroisses. Le merveilleux et le légendaire complètent cette fresque dramatique.
Bien cordialement
Daniel Giraudon,
professeur des universités (émérite) de breton à l’Université de Bretagne Occidentale et chercheur au CRBC Brest
Préface de Yann-Bêr Piriou
Portées musicales par Bernard Lasbleiz
Nombreuses illustrations couleur et noir et blanc
Editions Yoran embanner
Broché
17x24cm
427 pages
Les chants populaires en langue bretonne que les folkloristes du XIXe siècle ont rangé dans la catégorie des gwerzioù ont pour caractéristique de raconter une histoire en général tragique, vraie ou supposée telle. Certaines d’entre elles ont eu la bonne fortune de faire une longue carrière dans la tradition orale. Toutefois, leur transmission de bouche à oreille, l’usure du temps ou l’intervention d’un collecteur n’ont pas été sans incidences sur leur contenu. A tel point que l’on peut se poser la question de leur authenticité.
C’est ce à quoi j’ai cherché à répondre dans cet ouvrage à partir d’un choix de pièces que j’ai moi-même recueillies dans la mémoire des anciens. En croisant avec des documents d’archives les différentes versions de cette poésie chantée, J’ai pu dater, retracer, voire corriger les faits qu’elles rapportent.
Les sujets abordés dans ce florilège évoquent tour à tour des querelles sanglantes entre petits seigneurs sous l’Ancien Régime, des drames sur terre et sur mer, des deuils et faits divers dans les paroisses. Le merveilleux et le légendaire complètent cette fresque dramatique.
Bien cordialement
Daniel Giraudon,
professeur des universités (émérite) de breton à l’Université de Bretagne Occidentale et chercheur au CRBC Brest
Préface de Yann-Bêr Piriou
Portées musicales par Bernard Lasbleiz
Nombreuses illustrations couleur et noir et blanc
Editions Yoran embanner
Broché
17x24cm
427 pages
Cliquez ici ou sur l'image ci-dessous pour voir une vidéo de Daniel Giraudon qui nous parle de la gwerz : "Quand la gwerz nous est contée – 1ère partie" - Interview par Armèle Robin-Diot pour TV Trégor
Article par Eva Guillorel dans Annales de Bretagne et pays de l'ouest.
1Collecteur chevronné ayant recueilli un des plus grands fonds de traditions orales de Bretagne dans les dernières décennies et professeur émérite au département de celtique de l’Université de Bretagne occidentale, Daniel Giraudon met à profit sa retraite depuis plusieurs années pour rendre accessible sous forme de publications variées le contenu remarquable de ses enquêtes. Son dernier ouvrage joliment intitulé La clef des chants reprend dix-huit études qu’il a conduites pour retrouver l’origine historique de complaintes en langue bretonne (gwerzioù) (et les mécanismes de la tradition orale-DG) dont il a pour la plupart recueilli lui-même des versions lors de ses recherches de terrain. Pour chacune d’entre elles, il s’attache à confronter les textes chantés et les archives écrites accessibles pour les documenter, en particulier les registres paroissiaux et les archives judiciaires et notariales. Grâce à la précision des noms de lieux et de personnes qui forment une caractéristique marquante de ce répertoire, il parvient à dater le fait divers ayant donné lieu à la composition de chants qui sont ensuite passés dans la tradition orale avant d’être recueillis lors d’enquêtes ethnographiques plusieurs décennies ou plusieurs siècles après les événements.
2
Plusieurs ensembles se dégagent dans cet ouvrage : les quatre premières études, qui se rapportent à des faits datés entre 1649 et 1707, portent sur des assassinats sur fond de rivalités entre familles notables. Les cinq suivantes retracent des noyades et naufrages situés entre 1709 et 1842. Puis viennent quatre complaintes se rapportant à la mort d’ecclésiastiques entre 1730 et 1754. Les dernières études, plus disparates, évoquent une chanson comique mettant en scène les mœurs légères d’un prêtre au milieu du xviiie siècle, une complainte inspirée d’une feuille volante du xviie siècle (passée dans la tradition orale et ce qu’elle devient après passage dans la tradition orale – rare exemple de texte écrit conservé antérieurement aux gwerzioù recueillies de tradition orale –, et des études de cas sur des faits non précisément datés mais culturellement très intéressants, qu’il s’agisse du vol sacrilège de la croix d’or de l’église de Plouaret ou de la circulation en Bretagne et en Europe du motif du vieillard aveugle qui donne des conseils pour choisir la terre où bâtir sa maison.
3
C’est avant tout l’enquête policière qui intéresse Daniel Giraudon et qu’il nous livre pas à pas au cours d’une lecture passionnante, tant sur les chemins du Trégor où il a réalisé la majorité de ses enquêtes ethnographiques que dans les dépôts d’archives. On ne trouvera pas dans cet ouvrage une approche théorique sur l’usage des sources orales comme matière pour l’histoire. C’est par le cas pratique que l’auteur fait sa démonstration, en assumant une analyse qui touche parfois à l’érudition. Mais c’est ce souci de recherche pointilleuse qui permet de mettre à jour de façon convaincante la datation de nombreux faits divers ayant donné lieu à des gwerzioù, permettant ainsi d’augmenter significativement le nombre de datations de complaintes bretonnes des xviie et xviiie siècles par rapport au corpus déjà recensé. Certains regretteront peut-être une lecture très positiviste des traditions orales (l’analyse se concentre avant tout sur la possibilité ou non de vérifier si les informations fournies par les chansons sont historiquement exactes) et l’absence d’une remise en perspective large de chaque cas au sein du répertoire plus vaste des complaintes en Bretagne ou ailleurs et en lien avec les travaux réalisés par d’autres chercheurs. Mais les compétences de l’ethnographe, la richesse et la connaissance des sources orales recueillies et mobilisées par le collecteur sont remarquables. Les conclusions et hypothèses proposées quant à l’interaction entre oral et écrit et l’indication des auteurs supposés des compositions permettront pour leur part d’alimenter les débats sur l’origine et la circulation des traditions orales
4
Ces études ont pour la plupart, et dans des formats proches, déjà été publiées sous la forme d’articles éclatés – dont plusieurs dans les Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest – et il est dommage que les références aux premières publications n’aient pas été mentionnées dans l’ouvrage. Mais l’idée de rassembler ces travaux en un seul volume est tout à fait judicieux : au-delà des comparaisons possibles entre les chansons ou de la mise à disposition auprès d’un large public d’articles d’abord publiés en breton (dans le cas de la gwerz sur la mort de Toussaint de Kerguézec en 1709), la juxtaposition des chapitres permet de mesurer à quel point l’ancrage des gwerzioù dans l’histoire locale est une donnée caractéristique de ce répertoire. L’ouvrage offre en outre une plus-value précieuse par rapport aux articles précédemment publiés à travers la riche iconographie en noir et blanc et en couleur qui accompagne chaque étude : les photos des interprètes et des lieux nommés dans les complaintes notamment, prises pour la plupart par l’auteur lui-même, sont très appréciables. Il ne manque que le son, et on espère donc que le prochain ouvrage de Daniel Giraudon rassemblera les textes, partitions et enregistrements sonores de son exceptionnelle collecte de chansons de tradition orale en Bretagne.
Pour citer cet article
Référence papier
Éva Guillorel, « La clef des chants. Histoires de gwerzioù », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 127-4 | 2020, 224-225.
Référence électronique
Éva Guillorel, « La clef des chants. Histoires de gwerzioù », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 127-4 | 2020, mis en ligne le 10 décembre 2020, consulté le 18 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/abpo/6593 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.6593
1Collecteur chevronné ayant recueilli un des plus grands fonds de traditions orales de Bretagne dans les dernières décennies et professeur émérite au département de celtique de l’Université de Bretagne occidentale, Daniel Giraudon met à profit sa retraite depuis plusieurs années pour rendre accessible sous forme de publications variées le contenu remarquable de ses enquêtes. Son dernier ouvrage joliment intitulé La clef des chants reprend dix-huit études qu’il a conduites pour retrouver l’origine historique de complaintes en langue bretonne (gwerzioù) (et les mécanismes de la tradition orale-DG) dont il a pour la plupart recueilli lui-même des versions lors de ses recherches de terrain. Pour chacune d’entre elles, il s’attache à confronter les textes chantés et les archives écrites accessibles pour les documenter, en particulier les registres paroissiaux et les archives judiciaires et notariales. Grâce à la précision des noms de lieux et de personnes qui forment une caractéristique marquante de ce répertoire, il parvient à dater le fait divers ayant donné lieu à la composition de chants qui sont ensuite passés dans la tradition orale avant d’être recueillis lors d’enquêtes ethnographiques plusieurs décennies ou plusieurs siècles après les événements.
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Plusieurs ensembles se dégagent dans cet ouvrage : les quatre premières études, qui se rapportent à des faits datés entre 1649 et 1707, portent sur des assassinats sur fond de rivalités entre familles notables. Les cinq suivantes retracent des noyades et naufrages situés entre 1709 et 1842. Puis viennent quatre complaintes se rapportant à la mort d’ecclésiastiques entre 1730 et 1754. Les dernières études, plus disparates, évoquent une chanson comique mettant en scène les mœurs légères d’un prêtre au milieu du xviiie siècle, une complainte inspirée d’une feuille volante du xviie siècle (passée dans la tradition orale et ce qu’elle devient après passage dans la tradition orale – rare exemple de texte écrit conservé antérieurement aux gwerzioù recueillies de tradition orale –, et des études de cas sur des faits non précisément datés mais culturellement très intéressants, qu’il s’agisse du vol sacrilège de la croix d’or de l’église de Plouaret ou de la circulation en Bretagne et en Europe du motif du vieillard aveugle qui donne des conseils pour choisir la terre où bâtir sa maison.
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C’est avant tout l’enquête policière qui intéresse Daniel Giraudon et qu’il nous livre pas à pas au cours d’une lecture passionnante, tant sur les chemins du Trégor où il a réalisé la majorité de ses enquêtes ethnographiques que dans les dépôts d’archives. On ne trouvera pas dans cet ouvrage une approche théorique sur l’usage des sources orales comme matière pour l’histoire. C’est par le cas pratique que l’auteur fait sa démonstration, en assumant une analyse qui touche parfois à l’érudition. Mais c’est ce souci de recherche pointilleuse qui permet de mettre à jour de façon convaincante la datation de nombreux faits divers ayant donné lieu à des gwerzioù, permettant ainsi d’augmenter significativement le nombre de datations de complaintes bretonnes des xviie et xviiie siècles par rapport au corpus déjà recensé. Certains regretteront peut-être une lecture très positiviste des traditions orales (l’analyse se concentre avant tout sur la possibilité ou non de vérifier si les informations fournies par les chansons sont historiquement exactes) et l’absence d’une remise en perspective large de chaque cas au sein du répertoire plus vaste des complaintes en Bretagne ou ailleurs et en lien avec les travaux réalisés par d’autres chercheurs. Mais les compétences de l’ethnographe, la richesse et la connaissance des sources orales recueillies et mobilisées par le collecteur sont remarquables. Les conclusions et hypothèses proposées quant à l’interaction entre oral et écrit et l’indication des auteurs supposés des compositions permettront pour leur part d’alimenter les débats sur l’origine et la circulation des traditions orales
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Ces études ont pour la plupart, et dans des formats proches, déjà été publiées sous la forme d’articles éclatés – dont plusieurs dans les Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest – et il est dommage que les références aux premières publications n’aient pas été mentionnées dans l’ouvrage. Mais l’idée de rassembler ces travaux en un seul volume est tout à fait judicieux : au-delà des comparaisons possibles entre les chansons ou de la mise à disposition auprès d’un large public d’articles d’abord publiés en breton (dans le cas de la gwerz sur la mort de Toussaint de Kerguézec en 1709), la juxtaposition des chapitres permet de mesurer à quel point l’ancrage des gwerzioù dans l’histoire locale est une donnée caractéristique de ce répertoire. L’ouvrage offre en outre une plus-value précieuse par rapport aux articles précédemment publiés à travers la riche iconographie en noir et blanc et en couleur qui accompagne chaque étude : les photos des interprètes et des lieux nommés dans les complaintes notamment, prises pour la plupart par l’auteur lui-même, sont très appréciables. Il ne manque que le son, et on espère donc que le prochain ouvrage de Daniel Giraudon rassemblera les textes, partitions et enregistrements sonores de son exceptionnelle collecte de chansons de tradition orale en Bretagne.
Pour citer cet article
Référence papier
Éva Guillorel, « La clef des chants. Histoires de gwerzioù », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 127-4 | 2020, 224-225.
Référence électronique
Éva Guillorel, « La clef des chants. Histoires de gwerzioù », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 127-4 | 2020, mis en ligne le 10 décembre 2020, consulté le 18 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/abpo/6593 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.6593