Article Le Télégramme, Conférence sur le Folklore des Insectes - 16 Septembre 2012
L'association «De l'aber Benoît àl'aber Ildut», présidée par Jean-Paul Guillermit, assisté par Paul Mevel, propose, durant l'année, un certain nombre de conférences sur des thèmes divers, qui se déroulent dans les différentes communes du canton. Pour la première fois, c'est dans la plus petite d'entre elles, dans la nouvelle mairie, que les nombreux participants et le conférencier, Daniel Giraudon, se sont retrouvés, jeudi matin. Les ouvrages sur les traditions populaires concernant la petite faune sont rares. C'est pourquoi Daniel Giraudon, après avoir balayé le terrain «Du coq àl'âne», «Du soleil aux étoiles» et «Du chêne au roseau», a pris la clé des champs à la recherche du «Folklore des insectes et autres petites bestioles», thème de cette conférence.
Visite de la commune
Ainsi, avec Daniel Giraudon, il est possible de retrouver l'ambiance d'une époque où l'on prenait le temps d'écouter le chant de la terre (kan an douar), celui des grillons et des centaines d'autres insectes, et de revivre un temps où les enfants trouvaient àla campagne de quoi s'amuser... À l'issue de la conférence, le maire, Reun Tréguer, a fait visiter aux personnes présentes une partie de sa commune, d'Enez-Rouz à la stèle de Kergoff. Une visite qui s'est achevée au bar communal Ti-Bar, dans le bâtiment Ti-Bras. L'association «De l'aber Benoît àl'aber Ildut» compte 70 adhérents et fêtera, en 2013, ses30années d'existence.
Visite de la commune
Ainsi, avec Daniel Giraudon, il est possible de retrouver l'ambiance d'une époque où l'on prenait le temps d'écouter le chant de la terre (kan an douar), celui des grillons et des centaines d'autres insectes, et de revivre un temps où les enfants trouvaient àla campagne de quoi s'amuser... À l'issue de la conférence, le maire, Reun Tréguer, a fait visiter aux personnes présentes une partie de sa commune, d'Enez-Rouz à la stèle de Kergoff. Une visite qui s'est achevée au bar communal Ti-Bar, dans le bâtiment Ti-Bras. L'association «De l'aber Benoît àl'aber Ildut» compte 70 adhérents et fêtera, en 2013, ses30années d'existence.
Le Folklore des Insectes et autres petites bestioles:
Voir ci-dessous une critique par Yann-Ber Piriou ainsi qu'une sélection d'articles extraits du livre et parus dans le journal du Trégor durant l’été dans lesquels vous pouvez butiner à loisir.
An Taol Lagad du 11/10/2011 France 3
Cliquez sur la photo pour voir le programme
Le folklore des insectes et autres petites bestioles
" La poésie populaire et purement naturelle, écrit Montaigne, a des naïfvetez et grâces par où elle se compare à la principale beauté de la poésie parfaite selon l'art."
Rien ne l'illustre mieux, que l'oeuvre de Daniel Giraudon. Après une thèse d'ethnologie qui a fait date sur Les chansons de langue bretonne sur feuilles volantes dirigée par Jean-Michel Guilcher et soutenue en 1982, il n'a cessé d'explorer l'univers des traditions populaires.
En témoigne d'abord cette longue liste d'articles et d'études de toutes sortes publiés par lui depuis plus de vingt ans dans des revues et des publications spécialisées. Plus significatifs encore sont ses livres.
Qu'il s'agisse des astres avec Du soleil aux étoiles, des animaux avec DuCoq à l'âne, des plantes avec Du chêne au roseau, ce collecteur de haut vol a largement moissonné. Rien qui réhabilite mieux ce mot de folklore si honteusement dévoyé par la culture dominante que cette moisson.
Au Centre culturel kanak Tjibaou, de Nouméa, avec ces autres ethnologues que sont Maurice Leenhardt et Jean Guiart, chacun sait que les plantes sont des paroles. Mais ces plantes cachent aussi, souvent, de petites créatures plus étonnantes les unes que les autres. Scarabées, hannetons, puces, poux, bousiers, mouches, guêpes, abeilles, libellules, papillons, et j'en passe. Les papillons justement, il y a ceux qui les aiment dans une boîte, bien rangés, bien classés, et ceux qui les préfèrent vivants, voletant de fleur en fleur. Inutile de préciser à quelle catégorie appartient Daniel Giraudon.
Grâce à lui, désormais, toutes ces bestioles se retrouvent à l'honneur avec Le folklore des insectes qui vient de paraître chez Yoran embanner à Fouesnant.
Trois cent cinquante et une pages magnifiquement illustrées avec aussi, très souvent, de belles photos des principaux informateurs. C'est que l'auteur, entend témoigner sa gratitude à tous ces passeurs de mémoire qui lui ont fait confiance. Il est juste, en effet, que les Yves Le Gallou, de Louargat, Louise Le Grouiec, de Trédarzec, Amédée Morvan, de Plouzélambre, Jeanne-Marie Goasdoué, de Plougras, Jean Derrien, de Plouaret, Désiré Le Dû, de Canihuel, Yves-François et Marthe, de Ploubezre, et tous les autres, aient ici leur place.
Que ceux qui ne se sont jamais arrêtés pour observer une colonie de fourmis, pour admirer une toile d'araignée ou pour dialoguer avec une coccinelle, passent leur chemin. Ce livre n'est pas pour eux. En effet, c'est une longue recherche de la petite bête. Rien d'étonnant, au fond, pour un universitaire.
Mais cela fait belle lurette que celui qui s'exprime ici ne se laisse pas distraire par des mirages. Comme tous les vrais chercheurs, il aime ces réalités bien nettes qui ignorent le mensonge et l'approximation indigne. Les trésors qui sont réunis dans ce livre méritent donc lecture, relecture et réflexion. Ils proviennent de générations de femmes et d'hommes, pour qui la poésie et l'humour étaient inséparables et nécessaires. La joie de vivre affleure, d'ailleurs, à chaque page. Les étudiants qui ont fréquenté les cours de celtique de l'Université de Brest de 1989 à 2006 ne s'en étonneront pas. Cette joie de vivre était -et reste-, en effet , une des meilleures techniques pédagogiques de Daniel Giraudon.
Ceux qui suivent, aujourd'hui, ses réunions mensuelles de l'Association de Min rann, à Ploubezre, en savent quelque chose aussi. N'oublions pas ces premières Beilhadegoù Treger en 1959 et 1960 et la raison première de leur succès : pouvoir rire librement à gorge déployée. C'hoarzhin leizh e gov. Rien de tel, en effet, que le rire et le sourire pour remettre les choses à leur place et clore le bec aux fâcheux.
Ajoutons à cela chez notre chercheur un grand talent de conteur et le goût du breton populaire. Pour lui, ce breton n'est pas seulement objet d'étude, comme c'est trop souvent le cas, mais, à l'instar de Jules Gros, son maître, c'est surtout une langue de coeur et d'âme. Giraudon est une sorte de sorcier ou plutôt même de sourcier, comme aurait dit Pierre-Jakez Hélias. Le breton lui est nourriture et gourmandise. C'est même un gourmet. Et comme tous les vrais gastronomes, il ne conçoit pas de bonheur sans partage. Trinquons donc, mon frère, et, jusqu'à la mort, vivons !
Stokomp, ma breur, ha betek mervel, bevomp !
Dieu sait si cette langue a été décrite comme gutturale, rauque, grinçante, naturellement impropre à l'harmonie des vers. A ceux qui en seraient restés là - et ils sont encore nombreux, hélas- on ne saurait trop conseiller de recourir à de telles sources.
Ces ouvrages s'enrichissent aussi d'une connaissance très fine du gallo et des domaines anglo-celtiques. Les références à la Haute-Bretagne, à la Cornouailles britannique, au pays de Galles, à l'Ecosse et surtout à l'Irlande sont nombreuses et toujours pertinentes. Tout cela contribue à faire de son livre une oeuvre indispensable. Il en est de même, d'ailleurs, de ce Trésor du breton rimé. Mimologismes d'oiseaux, al loened o komz qui comprendra cinq parties et dont le premier volume vient d'être édité chez Emgleo Breiz.
C'est que, dans ce pays, les oiseaux sont des maîtres de poésie et de sagesse que nous avons su écouter pendant des siècles. Si vous en doutez, ouvrez de suite ce merveilleux Du coq à l'âne qui en donne déjà un avant-goût très convaincant. Hirondelles, goëlands, grives, alouettes, merles et roitelets y rivalisent de gazouillis, de roulades mais aussi d'éloquence et de verve.
On sait tous les périls qui menacent aujourd'hui nos environnements les plus divers. Si, plus respectueux de l'héritage de Voltaire, nous avions mieux défendu l'art de cultiver notre jardin au lieu de convoiter celui des autres, nous n'en serions pas là.
Toutes les publications de Daniel Giraudon constituent un puissant plaidoyer en faveur de la Vie dans ses infinies variétés végétales, animales et humaines. A une époque où tant d'incompétence et d'hypocrisie s'étalent avec impudeur à la vitrine des libraires, dans les discours officiels et dans les médias, il est bon que des livres comme celui-ci réapprennent à regarder le monde sans écrans.
Yann-Ber Piriou
Le folklore des insectes et autres petites bestioles
par Daniel Giraudon. Yoran Embanner. Fouesnant 2011
" La poésie populaire et purement naturelle, écrit Montaigne, a des naïfvetez et grâces par où elle se compare à la principale beauté de la poésie parfaite selon l'art."
Rien ne l'illustre mieux, que l'oeuvre de Daniel Giraudon. Après une thèse d'ethnologie qui a fait date sur Les chansons de langue bretonne sur feuilles volantes dirigée par Jean-Michel Guilcher et soutenue en 1982, il n'a cessé d'explorer l'univers des traditions populaires.
En témoigne d'abord cette longue liste d'articles et d'études de toutes sortes publiés par lui depuis plus de vingt ans dans des revues et des publications spécialisées. Plus significatifs encore sont ses livres.
Qu'il s'agisse des astres avec Du soleil aux étoiles, des animaux avec DuCoq à l'âne, des plantes avec Du chêne au roseau, ce collecteur de haut vol a largement moissonné. Rien qui réhabilite mieux ce mot de folklore si honteusement dévoyé par la culture dominante que cette moisson.
Au Centre culturel kanak Tjibaou, de Nouméa, avec ces autres ethnologues que sont Maurice Leenhardt et Jean Guiart, chacun sait que les plantes sont des paroles. Mais ces plantes cachent aussi, souvent, de petites créatures plus étonnantes les unes que les autres. Scarabées, hannetons, puces, poux, bousiers, mouches, guêpes, abeilles, libellules, papillons, et j'en passe. Les papillons justement, il y a ceux qui les aiment dans une boîte, bien rangés, bien classés, et ceux qui les préfèrent vivants, voletant de fleur en fleur. Inutile de préciser à quelle catégorie appartient Daniel Giraudon.
Grâce à lui, désormais, toutes ces bestioles se retrouvent à l'honneur avec Le folklore des insectes qui vient de paraître chez Yoran embanner à Fouesnant.
Trois cent cinquante et une pages magnifiquement illustrées avec aussi, très souvent, de belles photos des principaux informateurs. C'est que l'auteur, entend témoigner sa gratitude à tous ces passeurs de mémoire qui lui ont fait confiance. Il est juste, en effet, que les Yves Le Gallou, de Louargat, Louise Le Grouiec, de Trédarzec, Amédée Morvan, de Plouzélambre, Jeanne-Marie Goasdoué, de Plougras, Jean Derrien, de Plouaret, Désiré Le Dû, de Canihuel, Yves-François et Marthe, de Ploubezre, et tous les autres, aient ici leur place.
Que ceux qui ne se sont jamais arrêtés pour observer une colonie de fourmis, pour admirer une toile d'araignée ou pour dialoguer avec une coccinelle, passent leur chemin. Ce livre n'est pas pour eux. En effet, c'est une longue recherche de la petite bête. Rien d'étonnant, au fond, pour un universitaire.
Mais cela fait belle lurette que celui qui s'exprime ici ne se laisse pas distraire par des mirages. Comme tous les vrais chercheurs, il aime ces réalités bien nettes qui ignorent le mensonge et l'approximation indigne. Les trésors qui sont réunis dans ce livre méritent donc lecture, relecture et réflexion. Ils proviennent de générations de femmes et d'hommes, pour qui la poésie et l'humour étaient inséparables et nécessaires. La joie de vivre affleure, d'ailleurs, à chaque page. Les étudiants qui ont fréquenté les cours de celtique de l'Université de Brest de 1989 à 2006 ne s'en étonneront pas. Cette joie de vivre était -et reste-, en effet , une des meilleures techniques pédagogiques de Daniel Giraudon.
Ceux qui suivent, aujourd'hui, ses réunions mensuelles de l'Association de Min rann, à Ploubezre, en savent quelque chose aussi. N'oublions pas ces premières Beilhadegoù Treger en 1959 et 1960 et la raison première de leur succès : pouvoir rire librement à gorge déployée. C'hoarzhin leizh e gov. Rien de tel, en effet, que le rire et le sourire pour remettre les choses à leur place et clore le bec aux fâcheux.
Ajoutons à cela chez notre chercheur un grand talent de conteur et le goût du breton populaire. Pour lui, ce breton n'est pas seulement objet d'étude, comme c'est trop souvent le cas, mais, à l'instar de Jules Gros, son maître, c'est surtout une langue de coeur et d'âme. Giraudon est une sorte de sorcier ou plutôt même de sourcier, comme aurait dit Pierre-Jakez Hélias. Le breton lui est nourriture et gourmandise. C'est même un gourmet. Et comme tous les vrais gastronomes, il ne conçoit pas de bonheur sans partage. Trinquons donc, mon frère, et, jusqu'à la mort, vivons !
Stokomp, ma breur, ha betek mervel, bevomp !
Dieu sait si cette langue a été décrite comme gutturale, rauque, grinçante, naturellement impropre à l'harmonie des vers. A ceux qui en seraient restés là - et ils sont encore nombreux, hélas- on ne saurait trop conseiller de recourir à de telles sources.
Ces ouvrages s'enrichissent aussi d'une connaissance très fine du gallo et des domaines anglo-celtiques. Les références à la Haute-Bretagne, à la Cornouailles britannique, au pays de Galles, à l'Ecosse et surtout à l'Irlande sont nombreuses et toujours pertinentes. Tout cela contribue à faire de son livre une oeuvre indispensable. Il en est de même, d'ailleurs, de ce Trésor du breton rimé. Mimologismes d'oiseaux, al loened o komz qui comprendra cinq parties et dont le premier volume vient d'être édité chez Emgleo Breiz.
C'est que, dans ce pays, les oiseaux sont des maîtres de poésie et de sagesse que nous avons su écouter pendant des siècles. Si vous en doutez, ouvrez de suite ce merveilleux Du coq à l'âne qui en donne déjà un avant-goût très convaincant. Hirondelles, goëlands, grives, alouettes, merles et roitelets y rivalisent de gazouillis, de roulades mais aussi d'éloquence et de verve.
On sait tous les périls qui menacent aujourd'hui nos environnements les plus divers. Si, plus respectueux de l'héritage de Voltaire, nous avions mieux défendu l'art de cultiver notre jardin au lieu de convoiter celui des autres, nous n'en serions pas là.
Toutes les publications de Daniel Giraudon constituent un puissant plaidoyer en faveur de la Vie dans ses infinies variétés végétales, animales et humaines. A une époque où tant d'incompétence et d'hypocrisie s'étalent avec impudeur à la vitrine des libraires, dans les discours officiels et dans les médias, il est bon que des livres comme celui-ci réapprennent à regarder le monde sans écrans.
Yann-Ber Piriou
Le folklore des insectes et autres petites bestioles
par Daniel Giraudon. Yoran Embanner. Fouesnant 2011
Le grillon | |
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File Type: |
L’araignée | |
File Size: | 1753 kb |
File Type: |
La coccinelle | |
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La fourmi | |
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File Type: |
Le papillon | |
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File Type: |
L'abeille | |
File Size: | 2466 kb |
File Type: |
Le hanneton | |
File Size: | 2506 kb |
File Type: |
Interview | |
File Size: | 1968 kb |
File Type: |