Du Soleil Aux Étoiles (Cet ouvrage a obtenu en 2008 le grand prix de l'association des écrivains de Bretagne)
Traditions Populaires de Bretagne
Le folklore du ciel (soleil, lune, aléas du climat, mais aussi arc-en ciel, rosée, tonnerre... qui n'est pas de Brest !), vu par les habitants de Bretagne, et tel qu'il a pu être conservé dans la mémoire des anciens, offre un riche éventail de coutumes et croyances populaires : proverbes, dictons, rimes, récits légendaires, etc...
De la haute Bretagne gallèse à la basse Bretagne bretonnante, dans l'érudition plaisante, l'humour et le mélange des cultures.
En vente dans toutes les bonnes librairies. Remplir fiche sur page Contact pour plus de renseignements par l'auteur.
Voici quelques extraits:
De la haute Bretagne gallèse à la basse Bretagne bretonnante, dans l'érudition plaisante, l'humour et le mélange des cultures.
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Sommaire Du Soleil aux Étoiles | |
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File Type: | doc |
La Lune - Al loar - La leune
© Photo CD
Les soirs de pleine lune, regardez bien cette forme brunâtre qui se détache sur le disque brillant. C’est le voleur d'ajoncs avec son fagot sur le dos, al laer lann, Paotr e vec'h lann, an troc’her lann, ur fogodenn lann war e choug. On le distingue nettement portant sur le dos avec sa fourche, un fagot d’épineux. En Haute-Bretagne, c’est aussi l'homme dans la lune avec sa fourchée de jans ou son fagot de fonilles ou faguilles (fougères et ronces mortes).
Voici ce que dit la légende : Un soir d'hiver, par un beau clair de lune, un seigneur revenant chez lui un peu plus tard que de coutume rencontra un voisin assez mal famé qui portait sur son dos plusieurs fagots d'ajoncs sec. Il l'aborda et lui dit : Tu as pris cet ajonc dans ma lande ! - Jamais de la vie, répondit le paysan, cet ajonc ne vous appartient pas. – Ha prest out da douiñ dirak al loar, n'eo ket bet laeret ganit ar fogodenn lann-se ? Tu serais prêt à le jurer devant la lune que voilà, répliqua le propriétaire en lui montrant du doigt, la lune, rappelant par là cette tradition ancienne de prêter serment devant l’astre froid du ciel. - Que la lune m'engloutisse, si j'ai pris cet ajonc sur vos terres ! fut la réponse du voleur. Il n'avait pas dit son mot que la pleine lune l'engloutit.
Voici ce que dit la légende : Un soir d'hiver, par un beau clair de lune, un seigneur revenant chez lui un peu plus tard que de coutume rencontra un voisin assez mal famé qui portait sur son dos plusieurs fagots d'ajoncs sec. Il l'aborda et lui dit : Tu as pris cet ajonc dans ma lande ! - Jamais de la vie, répondit le paysan, cet ajonc ne vous appartient pas. – Ha prest out da douiñ dirak al loar, n'eo ket bet laeret ganit ar fogodenn lann-se ? Tu serais prêt à le jurer devant la lune que voilà, répliqua le propriétaire en lui montrant du doigt, la lune, rappelant par là cette tradition ancienne de prêter serment devant l’astre froid du ciel. - Que la lune m'engloutisse, si j'ai pris cet ajonc sur vos terres ! fut la réponse du voleur. Il n'avait pas dit son mot que la pleine lune l'engloutit.
Conceptions Populaires du Ciel
© Photo JD
Depuis la nuit des temps, l’homme a toujours fixé ses regards sur le firmament. Fasciné par le mystère de l’immensité céleste, il a cherché à en expliquer l’origine et la nature. Avant d’en arriver aux données scientifiques actuelles, il a longtemps suivi les dédales de son imagination pleine de naïveté, dirions-nous aujourd’hui, mais aussi pleine de poésie. Ainsi le ciel a-t-il été comparé à d’immenses manteaux de diverses couleurs qu’une ou plusieurs puissances surnaturelle endossaient tour à tour. C’était tantôt le bleu, tantôt le gris, tantôt le rouge, tantôt le noir, selon ses humeurs ou les événements à venir.
Au fil des âges et des croyances, divers personnages sont apparus sur la toile. Ils ont tout d’abord taillé dans le bleu vif du premier ciel, le vieux ciel, comme on l’appelle, pour se confectionner une parure. A Plufur, quand on voit vers la côte le ciel gris se déchirer, selon l’expression bretonne, fregañ a ra an oabl, pour laisser paraître une parcelle d’azur, on dit que saint Efllam a mis son bonnet bleu marine : Sant Efflam ‘neus laket e voned glas-mor. Du côté de Kerlouan, également au bord de mer, le religieux cède la place au païen : Ar Pagan ‘neus lakeet e voned glas, le Païen a mis son bonnet bleu.
Plus généralement en Trégor, c’est saint Pierre qui écarte le gris des nuages pour enfiler son pantalon bleu : gwisket eo gant sant Pêr e vragoù glas. En pays Vannetais, les couturiers voient dans ce coupon bleuté suffisamment d’étoffe pour confectionner un manteau pour la Vierge. Enfin, dans une vision réactualisée, laïcisée, le tissu marine sert, dit-on, à découper ou à rapiécer la culotte des gabelous ou celle des gendarmes, plus connus en Trégor sous le nom de : fils Robin, paotred Mari Robin, autrement dit, les enfants de Marie. On raconte en effet que la Marie en question avait eu neuf fils et ils avaient tous embrassé la carrière de gendarme. C’est ce qui fait dire aux gens du pays : Danvez un habid maltouter zo arri e-barzh ou trawalc’h zo da beñsiat brikoù ar jañdarmed. C’est d’ailleurs la couleur de leur uniforme qui a valu aux pandores cet autre surnom en Trégor, paotred ar Magasin bleu, les gars du Magasin bleu d’après le nom du camion qui sillonne les campagnes pour vendre ses bleus.
Au fil des âges et des croyances, divers personnages sont apparus sur la toile. Ils ont tout d’abord taillé dans le bleu vif du premier ciel, le vieux ciel, comme on l’appelle, pour se confectionner une parure. A Plufur, quand on voit vers la côte le ciel gris se déchirer, selon l’expression bretonne, fregañ a ra an oabl, pour laisser paraître une parcelle d’azur, on dit que saint Efllam a mis son bonnet bleu marine : Sant Efflam ‘neus laket e voned glas-mor. Du côté de Kerlouan, également au bord de mer, le religieux cède la place au païen : Ar Pagan ‘neus lakeet e voned glas, le Païen a mis son bonnet bleu.
Plus généralement en Trégor, c’est saint Pierre qui écarte le gris des nuages pour enfiler son pantalon bleu : gwisket eo gant sant Pêr e vragoù glas. En pays Vannetais, les couturiers voient dans ce coupon bleuté suffisamment d’étoffe pour confectionner un manteau pour la Vierge. Enfin, dans une vision réactualisée, laïcisée, le tissu marine sert, dit-on, à découper ou à rapiécer la culotte des gabelous ou celle des gendarmes, plus connus en Trégor sous le nom de : fils Robin, paotred Mari Robin, autrement dit, les enfants de Marie. On raconte en effet que la Marie en question avait eu neuf fils et ils avaient tous embrassé la carrière de gendarme. C’est ce qui fait dire aux gens du pays : Danvez un habid maltouter zo arri e-barzh ou trawalc’h zo da beñsiat brikoù ar jañdarmed. C’est d’ailleurs la couleur de leur uniforme qui a valu aux pandores cet autre surnom en Trégor, paotred ar Magasin bleu, les gars du Magasin bleu d’après le nom du camion qui sillonne les campagnes pour vendre ses bleus.
© Photo DG
Araok neva tarzhet ar brezel diwezhañ, an eil brezel bed a oa deut unan kozh du-mañ, un amezeg kozh hag a lavare da ma mamm : « Ar brezel veho kriz spontus ! Ne m’eus gwelet nemet liv an tan hag ar gwad war an amzer », a neva gwelet une aurore boréale ; ha va mamm a noa respontet dezhañ araok ar brezel pevarzek neva gwelet ur steredenn lostok ivez. Avant le déclenchement de la dernière guerre mondiale un vieux voisin était venu voir ma mère et lui avait dit : « La guerre sera terrible, affreuse, je n’ai vu dans le ciel que la couleur du feu et du sang ». Il avait vu une aurore boréale. Et ma mère avait répondu qu’avant la guerre de 14, elle avait aussi vu une comète.
« J'ai veue la comète » qui disaient, j'voulais pas la vèrre, j'avais pou (peur) qu'elle aurait chèye (tombé) su maï (moi) c'était en 14 avant la guerre. Y disaient qu'était une bête que la queue lui traînin (traînait) à bas ».
« J'ai veue la comète » qui disaient, j'voulais pas la vèrre, j'avais pou (peur) qu'elle aurait chèye (tombé) su maï (moi) c'était en 14 avant la guerre. Y disaient qu'était une bête que la queue lui traînin (traînait) à bas ».
© Photo DG
Ruzell veure, lak da votoù-ler
Ha kae da vale.
Ruzell noz, Glav pe avel da antronoz.
Rougeur du matin
Mets tes souliers et va te promener.
Rougeur du soir
De la pluie ou du vent pour le lendemain
Chouan du sâ, garde ton ouvrier pour tâ
Chouan du matin, envèye le cé ton veizin.
Chouan (hibou) du soir, garde ton ouvrier pour toi
Chouan du matin, envoie le chez ton voisin.
A la ferme, ce sont les poules qui renseignent sur le temps à venir : c’est vrai quand elles se vautrent dans la poussière, quand elles font la poudrette et, comme le dit le paysan gallo : Si le temps s'ébernaudit, s'assombrit, si les poules s'accroupiaillent, va n'avère une arnopéye ad vépréye, l’après-midi sera pluvieuse si le temps s’assombrit et si les poules s’accroupissent.
Ha kae da vale.
Ruzell noz, Glav pe avel da antronoz.
Rougeur du matin
Mets tes souliers et va te promener.
Rougeur du soir
De la pluie ou du vent pour le lendemain
Chouan du sâ, garde ton ouvrier pour tâ
Chouan du matin, envèye le cé ton veizin.
Chouan (hibou) du soir, garde ton ouvrier pour toi
Chouan du matin, envoie le chez ton voisin.
A la ferme, ce sont les poules qui renseignent sur le temps à venir : c’est vrai quand elles se vautrent dans la poussière, quand elles font la poudrette et, comme le dit le paysan gallo : Si le temps s'ébernaudit, s'assombrit, si les poules s'accroupiaillent, va n'avère une arnopéye ad vépréye, l’après-midi sera pluvieuse si le temps s’assombrit et si les poules s’accroupissent.
© Photo DG
Tad kozh a lâre ‘vel-se pa veze glav oc'h ober ‘pad ur pennad mat : 'barzh kwrec'h war Vre a zo laket un dall da gomandiñ glav met peogwir eo dall pa vez deut e viz ‘maez ar vontenn eo pell esañ kât nehi, se zo kaoz oa dour ‘pad pell amzer, ‘gave ket toull ar bond goude.
Grand-père nous disait que c'était un aveugle qui commandait la pluie là-haut sur le Méné-Bré et, comme il ne voyait pas clair et avait ôté son doigt de la bonde de la barrique contenant la pluie, il lui fallait un certain temps pour retrouver l’ouverture et la boucher à nouveau. C’est la raison pour laquelle certaines averses durent si longtemps.
Grand-père nous disait que c'était un aveugle qui commandait la pluie là-haut sur le Méné-Bré et, comme il ne voyait pas clair et avait ôté son doigt de la bonde de la barrique contenant la pluie, il lui fallait un certain temps pour retrouver l’ouverture et la boucher à nouveau. C’est la raison pour laquelle certaines averses durent si longtemps.
© Photo FP
Kredet veze gwechall penaos al loar a oa un heol kozh hag a oa deut re gozh da sklerijenniñ an deiz. Se zo kaoz an Aotrou Doue nâ laket anezhañ da sklerijenniñ an noz, on croyait autrefois que la lune était un vieux soleil qui était "arrivé" trop vieux et trop faible pour éclairer le jour. C'est pourquoi Dieu l'avait mis à éclairer la nuit.
C’est ce qui lui a valu les surnoms suivants. Pour les Gallos, la lune est le soleil des r'nâs, le soleil des renards, tandis que pour les bretonnants, c'est le soleil des loups, heol ar bleiz. Pour certains rôdeurs nocturnes à deux et quatre pattes, la clarté de la lune est en effet très utile. Ajoutons que clair de lune en breton se traduit, entre autres, par heol al loar, autrement dit, le soleil de la lune.
Des lunes, on raconte qu’il y en aurait eu plusieurs. Alors, on se demande : Que faisait-on des vieilles lunes ? Para veze graet gant loarioù kozh ? Eh bien, on les brisait pour en faire des étoiles, drailhet vezent d'ober stered. Il fallait encore y penser !
C’est ce qui lui a valu les surnoms suivants. Pour les Gallos, la lune est le soleil des r'nâs, le soleil des renards, tandis que pour les bretonnants, c'est le soleil des loups, heol ar bleiz. Pour certains rôdeurs nocturnes à deux et quatre pattes, la clarté de la lune est en effet très utile. Ajoutons que clair de lune en breton se traduit, entre autres, par heol al loar, autrement dit, le soleil de la lune.
Des lunes, on raconte qu’il y en aurait eu plusieurs. Alors, on se demande : Que faisait-on des vieilles lunes ? Para veze graet gant loarioù kozh ? Eh bien, on les brisait pour en faire des étoiles, drailhet vezent d'ober stered. Il fallait encore y penser !